La présence à l’instant permet de vivre sa vie en y amenant plus de conscience. Pour cela, il convient de se libérer du mode de pilotage automatique lié aux pensées qui accaparent toute notre attention. Les bénéfices sont au rendez-vous, relativisant les moments difficiles et optimisant les moments heureux.
Vivre l’instant présent, libre d’accueillir ou pas les pensées qui nous orientent sans cesse vers le passé ou vers l’avenir ; nombre d’entre nous ont conscience que c’est là un bon chemin pour parcourir la vie. Mais, pour l’avoir tous essayé, nous savons combien cet art est difficile : entre d’une part l’orientation « par défaut » de notre attention vers les stresseurs et d’autre part l’habituation hédoniste, nous devons nous libérer « en conscience » de la force de l’hérédité et des conditionnements socio-culturels. Mais ces difficultés sont-elles une malchance ou une opportunité de croissance pour l’humanité ?
Carpe diem : vivre « ici et maintenant », « accueillir l’instant », « en pleine conscience », « comme si c’était la première fois », « conscient d’exister »… Voici de belles propositions qui parsèment nos lectures, qui sèment des envies et qui ponctuent des terpnos logos (discours pendant la séance) des sophrologues. Nous pressentons clairement que c’est en adoptant ce regard sur le monde, que nous pouvons construire une vie plus heureuse. Pourtant, quand nous nous y essayons, nous sommes rapidement rattrapés par nos habitudes et n’arrivons pas à ancrer de façon stable cette posture d’esprit dans notre vie quotidienne. Ne dit-on pas : « chassez les habitudes, elles reviennent au galop » ? Mais nous savons aussi que nous pouvons changer, en mieux, et à tout âge, mais il faut peut-être s’accorder une bonne méthode et un peu plus de temps que nous l’imaginions.
Deux fortes mouvances voient le jour actuellement dans l’univers du développement personnel, des approches éducatives et préventives et de la psychothérapie : d’une part le mouvement « Mindfulness », fondé sur la médiation de plein conscience, et d’autre part par le mouvement de psychologie positive. En tant que sophrologues, nous utilisons depuis longtemps et plus ou moins généreusement les techniques méditatives, et le principe d’action positive est inscrit au cœur de notre art.
Une judicieuse intégration de la sophrologie avec ces pratiques peut nous permettre de plus facilement « vivre au présent ».
Pourquoi est-ce si difficile ?
Alors que nos tout petits enfants, tout comme la plupart des animaux, possèdent cette capacité de vivre l’instant présent, pourquoi l’avons-nous perdue et devons-nous faire un effort pour y revenir ?
Faire et être :
Notre esprit fonctionne des deux façons : le mode « action » et le mode « observation », c’est-à-dire le mode « faire » et le mode « être ». « On » et « Off », en quelques sortes. Le mode « faire » est notre mode habituel de fonctionnement, « par défaut ». Il est induit par une évaluation permanente de notre cerveau qui est continuellement en train d’estimer l’écart entre d’une part les choses telles qu’elles sont, et d’autre part ce qu’il souhaiterait qu’elles soient. L’esprit se projette toujours en avant. Cette évaluation automatique nous amène à considérer les choses et les événements comme bons ou mauvais, stressant ou pas ; les gens comme agréables ou désagréables ; et même nos propres émotions et pensées sont évaluées comme belles, désirables, ou au contraire mauvaises et indésirables. Ce jugement premier se réalise quasiment à notre insu et déclenche un comportement dans le but de réduire cet écart. Ce fonctionnement automatique présente des avantages évidents en termes de protection, de confort et d’évolution matérielle, mais il nous coupe du moment présent et génère un sentiment larvé d’insatisfaction permanente. Quant au mode « être », il consiste simplement à accompagner tout ce qui vient, vivre en présence de toutes les perceptions qui peuvent venir à notre conscience ; les accueillir toutes, sans aucune forme de jugement : j’accueille le soleil comme la pluie, le sourire d’un proche comme sa colère.
Rester au présent quand tout va mal.
Rester en contact avec l’instant devient bien difficile quand les circonstances sont déplaisantes, que nos émotions sont fortes ou encore que nos pensées sont obsédantes.
Ici, vivre au présent dans un accueil sans jugement nous invite à accueillir les événements désagréables quand il le faut, mais sans rester focalisé dessus. Il est important de souligner que délocaliser ne signifie pas mettre de côté un problème, mais le recadrer dans une perception plus vaste.
Cette compétence permet, une fois l’acceptation du problème bien réalisée, de laisser venir intuitivement la meilleure attitude à avoir : l’accueil sans jugement de ce qui arrive, en ouvrant notre esprit, nous donne des solutions qui sans cela ne nous seraient jamais venues à l’esprit. Et les solutions les plus adaptées apparaîtront d’autant mieux que nous avons clairement défini nos valeurs, ce à quoi nous invite la pratique de la sophrologie.
Le fleuve de vie :
Ainsi, vivre au présent dans l’accueil ouvert et sans jugement est peut-être le meilleur moyen de traverser le grand fleuve de la vie en suivant harmonieusement les courants, tout en regardant le cap défini par nos valeurs.
On commence quand ?
Source : Sophrologie magazine